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Après les champs, la rue…

Le stand, © NRDB

Ce Samedi 12 juin, j’étais invité à participer à la 25° édition de l’exposition « Les Artistes dans la rue » organisée par l’Association des Anciens Elèves Diplômés de l’Ecole des Beaux Arts de Versailles. Sur la place Notre Dame, du carré à la marée au carré aux herbes, une centaine de stands accueillaient des artistes ; peintres, sculpteurs, plasticiens et photographes. « Le Végétal sublimé » prenait place dans le carré aux herbes, heureux présage. Jardin très arrosé lors de l’installation, l’astre royal a daigné nous réchauffer par la suite, drainant ainsi les nombreux amateurs d’art de la ville et même de plus loin.

A la question du « comment », j’ai souvent indiqué que la réponse était dans l’image puisque ce sont de « vraies » photos, qu’il n’y a aucun trucage, « simplement » une mise en lumières élaborée au service du « pourquoi » ; capture de l’instant magique.
Il y a ceux qui passent, sont accrochés par une image, rentrent, observent, s’étonnent, apprécient et finissent par me demander : « mais est-ce une peinture ? ».  Je les éclaire, mais comme cela s’est reproduit de nombreuses fois j’en suis arrivé à la conclusion suivante : Le public vient voir principalement des modes d’expression artistique « traditionnels », d’une certaine façon leur esprit ouvert est donc conditionné. Les grands formats associés au rendu très particulier de la sublimation thermique sur un tissu très fin jette un trouble, accentué par la mise en image des sujets choisis qui finit de les dérouter. C’est l’émotion.

Partenariat Agence de Fab, ©NRDB

Cela à donné lieu à des échanges très intéressant et a conforté ma théorie des différents niveaux sémiologique selon laquelle ; 1° physiologiquement, l’image doit être esthétiquement forte pour attraper le regard, 2° Elle doit être chargée de sens, avec plus ou moins de profondeur, pour garder l’attention, 3° L’œil et le cortex lisent, dans un mouvement de va et vient du point n°1 au n°2, et découvrent peu à peu l’image, 4°  le cerveau décode, apporte ses réponses selon sa sensibilité et sa culture, refuse ou accepte…

Je ne cherche surtout pas à imiter la peinture que je respecte trop, en revanche j’ai poussé la réflexion et ma pratique à un point tel que le résultat, qui parfois touche l’abstraction,  en est déroutant.

Partenariat CANON, ©NRDB

Il en a d’autres qui viennent et reviennent, amènent des amis, préfèrent telle ou telle image, affirment leurs choix, débattent, c’était beaucoup de plaisir.

Et puis les enfants… particulièrement un groupe de quatre ou cinq  jeunes filles, 6 à 9 ans probablement, accompagnées des « Y faut pas toucher! » parentaux, à qui j’ai fait les honneurs de mon dossiers. Ribambelles de têtes blondes, sourires lumineux, grands yeux brillants, bonnes remarques pertinentes et spontanées. Un bonheur, rien que pour elles ça valait le coup d’être là.

Cerise sur l’expo, quand en fin d’après midi Mercédés Chamba, Présidente de L’Association des Elèves et des Anciens Diplomés de l’Ecole des Beaux Arts de Versailles, m’annonce que j’ai gagné le prix « ArtContemporain.com« .

C’était vraiment une belle journée. Merci à tous.

Merci au public. ©NRDB

A QUOI L’ART SERT ?

Pont Zubizuri, Bilbao. ©NRDB

Pour ceux qui se poseraient encore la question, j’en ai eu une interprétation dernièrement en visitant Bilbao qui a utilisé l’Art  sous toutes ses formes comme levier pour une révolution économique. A l’occasion d’un voyage de découverte organisé par HelmsBricoe, nous étions reçus par Kepa Olabarrieta, Directeur de Bilbao Convention Bureau. Je vous laisse avec lui quelques instant, mais sachez que j’ai adoré cette ville et ses environs, j’y ai découvert quelques pépites , je vous en reparlerai.

K. Olabarrieta. ©NRDB
– Kepa Olaberietta quel est l’origine de la transformation de Bilbao ?
Dans les années 80 alors que l’économie traditionnelle (métallurgie, chantiers maritimes) était en crise, délaissant de grands espaces au cœur de l’actuelle Bilbao, les autorités ont décidé une révolution économique sans précédent. Il s’agissait  d’élargir le champ des ressources, le choix s’est porté vers le tourisme, notamment vers le tourisme d’affaires et les loisirs.
– Quels principes ont présidé à cette transformation ?
Une ouverture vers la culture encore plus large. Bilbao et sa région ont toujours eu une culture puissante révélée par les architectures de toutes époques, selon les quartiers, et les sculptures classiques que l’on croise dans la rue, mais trop souvent sur piédestal donc inaccessibles. Bilbao s’était constituée autour d’un pôle industriel devenu friches. Il fallait les transformer  en centres d’affaires et d’habitations  accueillant des activités sportives contemporaines (fitness, etc…), et en pôle culturel dont le Musée Guggenheim depuis 1997 est le pivot.
Bilbao, Les Ménines de Manolo Valdés sorties d'un tableau de Velazquez ©NRDB
– Depuis quand ?
Les premières transformations ont démarrées en 1986, ce n’est qu’en 1991 que la population en a vu les premiers résultats et eu une idée plus précise de la réalité des projets. Au doute a succédé une forte adhésion.
Musée Gueggenheim. ©NRDB
– Après 25 ans, soit une génération, quels sont les sentiments de la population ?
Nous passions d’une ère d’industrie lourde à celle du tourisme et des loisirs. La culture accessible au quotidien, de nombreuses sculptures d’art contemporain dans la rue à portée de mains des passants, des bâtiments rénovés et de nouveaux projets réalisées par des architectes de renommée internationale, du plus profond avec le métro par Norman Foster, aux cimes avec les tours par Arata Izosaki construites sur d’anciens magasins généraux face au pont Zubizuri par Santiago Calatrava et les exemples sont encore nombreux.
– Autant d’œuvres  d’art dans les rues et dans l’âme des bâtiments, Bilbao voudrait-elle devenir la Florence du 21° siècle ?
Ce n’est pas une volonté, mais une démarche simple et naturelle dont il résulte aujourd’hui un sentiment de fierté des habitants pour leur ville, d’autant que nombre d’entre elles ont été achetées par la ville. Par l’ouverture d’esprit que suscite la confrontation avec l’art les citoyens se les sont littéralement appropriés.

Musée Gueggenheim, "Maman" de Louise Bourgeois. ©NRDB